85043 visites | 551707 hits | 10 invités (+)
En concert : Masterplan + Circle Ii Circle + Rob Rock + Pure Inc., le 30/03/2005 - La Locomotive à Paris
Login : Mot de passe : (J'ai oublié mon mot de passe)
Les chroniques
Cutti Sadda Pentagrams All Up In My Bling Bling (2005) - Electro

La scène japonaise ne s’embarrasse d’aucun préjugé en matière d’étiquette musicale. De par sa situation géographique, mais aussi à cause de son legs historique fondé à la fois sur la grandeur et la frustation, le Japon est une formidable machine à brasser les influences, à digérer parfaitement les gimmicks de la musique occidentale, pour les recracher avec une jouissive abnégation, sous formes de combos hystériques ( scène grind/gore/death ), ou tout simplement à travers les dons de musiciens hyper talentueux (l’ensemble de la scène noise/electro). On ne reviendra pas sur le cas Sigh, unique puisqu’ils participérent aux début de la scène black (signés sur le label d’Euronymous, Deathlike Silence ) et auteurs dernièrement d’un formidable album de post-black ( Imaginary Sonicscape ) qui illustre parfaitement la capacité intégrante et innovante de la musique japonaise actuelle. La culture japonaise veut que leurs musiciens se soucient peu d’intégrité musicale, au sens où certains métalleux peuvent l’entendre (métalleux ou tout autre tribus de mélomanes prosélytes ). L’hybridation n’est pas non plus un but en soi, bien heureusement : c’est un moyen qui sert simplement à faire passer des émotions inédites, des expériences musicales que peu d’artistes osent dans notre vieille Europe. Quant à la fureur, elle ne prend pas forcément la voie du black (malgré de formidables groupes de raw black comme Infernal Necromancy ou Funeral Elegy ) : la démo qui nous intéresse a été concoctée par Mochipet, une icône de la scène underground jap, qui officie avant tout dans le remix : hip hop, electro, sa spécialité est de concasser tous les sons qui lui passent dans les mains pour créer des morceaux déstructurés, caressant les dérives les plus extrèmes de la musique électronique : electro-clash, gabba, speedcore… voici donc un de ses multiples projets parallèles, Cutti Sadda, autoproclamé « experimental jiggy death ». Une appellation prise de tête ? Pas du tout. Il suffit d’aller sur son site pour voir que Mochipet ne se prend pas au sérieux pour un sou. Sa musique incorpore même une bonne part de second degré. Alors, quid ? Un pur moment de froide brutalité ! Imaginez un son typiquement dancehall, voir garage, c'est-à-dire bien sec, bien minimaliste, avec une rythmique imparable, sinon meurtrière. Et puis la voix death débarque, évoquant un Mortician de derrière les fagots…et bizarrement, le mélange est détonnant ! Le deuxième morceau est sans doute le meilleur : introduit par un beat angoissé, accordant viscéralement son obédience au hip hop le plus hardcore (je pense à Mobb Deep ou à Necro), la voix de Cuti vient poser un phrasé traumatique ponctué de cris étranglés… …pour reprendre les termes de son interview, « est-ce que s’il neigeait en Jamaïque Lee « Scratch » Perry aurait fait parti de Dismember ? » Résolument, oui. Le troisième morceau, « Dancehall of Death » peut se voir comme un duel entre un son électronique minimaliste propre aux sound-systems londoniens et une partie death/grind qui ne cesse de la parasiter (à moins que ce ne soit l’inverse ?) …évoquons également le dernier morceau, complètement déjanté et malsain, qui commence comme une parodie du « Roots » de Sepultura pour finir dans une frénésie noise comme seuls les japonais peuvent en vomir, vocoders saturés à l’appui.
A l’instar du dernier (et excellent) album d’Otto Von Schirach, qui opère d’insanes accouplements entre l’electronica la plus destructurée et le grind le plus irrévérencieux, Mochipet affère avec ce mini-album que l’électro n’est pas un but en soi, mais bien un outil protéiforme capable d’intégrer des formes musicales qui lui sont à priori foncièrement opposées. A condition, bien sûr, d’être suffisamment ouvert d’esprit pour accepter de tels métissages : nous sommes en effets bien loin des timides bidouilles électroniques qui enluminent maladroitement certains albums de death ou de post-black. Mochipet est avant tout un D.J, et en tant que tel il nous offre une sorte de set halluciné, capable d’enflammer les dancefloors tout en titillant fortement la glandes pinéale des vieux trasheux que nous sommes.
( précisons que les parties métal ne sont pas des samples et sont jouées par Mochipet, guitariste depuis son plus jeune âge ).
Car en somme, si la relève du rock’n’roll existe, peut-être qu’elle est dans ce genre de projet décomplexé, voué à la détestation de certains comme aux débordements les plus extatiques (les prestations live de Mochipet semblent être des grands moments de n’importe nawak).
Musique improbable, comme dirait l’un de mes confrères, oui mais fondamentalement ludique et efficace. On jurerait que dans un monde meilleur, ce «Pentagram All Up In My Bling-Bling » serait classé parmi les meilleures ventes mondiales, tant il est à la fois brutalement dansant et chaotiquement sombre.



Note Générale : 7,5 / 10 | Production : 5 / 6 | Cover : 5 / 6 | Composition : 4 / 6

das Irrlicht Nb commentaire : 0 | [ Ajouter un commentaire ]
Encore + d'infos...
Label producteur : Daly City Records
Voir le site : http://www.lesacteursdelombre.com/Ombres/lien/voir.asp?rnNumero=1962
Mail officiel : http://www.lesacteursdelombre.com/Ombres/mail/mail.asp?rsAA=info@dalycityrecords.com

Tracklist

1. Pentagrams All Up in my Bling Bling
2. Death Set Gangstaz What !!
3. Dancehall of Death
4. Poppin'Them Thangs in 18,4
5. Berimbau Beatdown !
Line Up du Cd

Mochipet : sounds
Cutti Sadda : voices
Les chroniques

  • Pentagrams All Up In My Bling Bling (14/03/2005)

  • Les interviews

    Aucune interview